Tzvetkoff, c'est l'homme sans qui le black friday n'aurait pas eu lieu, c'est l'homme qui, un jour risque 75 ans de prison pour avoir tenté de voler plus de 100 millions de dollars et qui l'autre jour, se retrouve libre et témoin dans une affaire qui accuse des acteurs du black friday.
Plusieurs chefs d'accusation pesaient sur lui dont ceux de fraude bancaire et de blanchiment d'argent. Tzvetkoff aurait pu alors passer les 75 prochaines années en prison pour avoir facilité le transit de millions de dollars entre joueurs américains et salles de poker en ligne. Cinq mois après son arrestation à Las Vegas, comme par magie, il était libéré sous caution. Que s'est-il passé?
Tzvetkoff a échangé sa liberté contre des aveux et des documents sur le blanchiment d'argent et sur les connaissances qu'il avaient (notamment) sur Chad Elie et John Campos. Suite à ces révélations, le FBI a pu inculper onze personnes (Isaï Scheinberg pour PokerStars ; Raymond Bitar et Nelson Burtnick pour Full Tilt ; Scott Tom pour Absolute ; ainsi que Brent Beckley, Paul Tate, Ryan Lang, Bradley Franzen, Ira Rubin, Chad Elie, John Campos) pour blanchiment d'argent, fraude bancaire et organisation illégale de jeux d'argent.
Avec les chefs d'accusation actuels, Chad Elie et John Campos risquent respectivement 85 et 35 ans de prison.
En février dernier, Elie et Campos avaient présenté une défense qui a été rejetée. À titre de rappel, pour leur défense, les accusés prétendaient que le poker n'était pas un jeu de hasard et que le Wire Act 18U.S.C. § 1084, ne devait s'appliquer qu'aux paris sportifs (autrement dit, que le Wire Act ne s'appliquait pas dans cette cause).
En décembre dernier, le ministère de la justice des États-Unis avait rendu public un document de 13 pages qui clarifiait sa position sur la loi Federal Wire Act, une loi qui interdisait les paris en ligne inter-états.
Selon l'avis légal de la justice, seuls les paris en ligne "sur des événements sportifs ou concours" sont concernés par le Wire Act, excluant par le fait même le poker en ligne inter-états des jeux d'argent illicites. Par contre, le Ministre de la justice avait précisé dans cette affaire que ces décisions n'influenceraient pas les poursuites en cours contre plusieurs salles de poker en ligne dont Full Tilt Poker et PokerStars.
À sa défense, le DoJ affirmait que si le Wire Act peut être mal interprété ou flou sur le sujet, le Illegal Gambling Business Act poker et le UIGEA quant à eux ne le sont pas. Pour ces raisons, on demandait que les 2 accusés (Elie et Campos) ne soient pas blanchis.
Le juge Lewis Kaplan dans cette affaire avait donc rejeté les arguments de la défense. Selon le juge, même si le Wire Act ne s'appliquait pas dans cette affaire, les personnes en question étaient quand même en tort dans cette histoire en vertu de la Unlawful Internet Gambling Enforcement Act. C'est le même juge Kaplan qui avait trouvé l'argument selon lequel le poker est un jeu de stratégie audacieux. Bref, selon ce juge, le poker est un jeu de gambling au même titre que le black jack par exemple.
Cette défense étant rejetée, les deux accusés doivent comparaître le 9 avril devant la justice à New-York alors que l'australien Daniel Tzvetkoff sera témoin à charge. Rappelons que Tzvetkoff avait été arrêté après avoir été dénoncé par PokerStars, Full Tilt et UB puisqu'il avait détourné plus de 100 millions de dollars pour son propre profit. Nous connaissons la suite des choses. Tzvetkoff n'est plus un accusé maintenant, mais un témoin. Un homme qui risque 75 ans de prison est sûrement prêt à dire bien des choses...
Fait digne de mention dans cette affaire: L'avocat de Chad Elie s'est plaint hier du nombre de documents à étudier:"Nous avons reçu l'ensemble des pièces de Mr Tzvetkoff, ce qui représente plus de 90 000 documents auxquels nous n'avons eu accès qu'hier".
Quel impact aura le témoignage de Tzvetkoff au procès de Elie et Campos? Nous le saurons le 9 avril prochain! PokerCollectif vous tiendra informé à ce sujet.
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