Calculer un bluff

Par Tommy Angelo
Nous avons discuté plus tôt de la manière de bien calculer ses mises lorsque vous croyiez avoir la meilleure main. Maintenant nous allons parler de la manière de bien calculer ses bluffs. Les principes impliqués seront très simples.

 

La règle de base

Comme avec la taille des mises, nous partirons d'un principe simple.

Misez suffisamment pour que le travail soit fait et pas plus.

Un bluff implique deux choses: avoir une main (ou un éventail de mains) en tête que votre adversaire peut avoir et miser suffisamment pour que votre adversaire se couche.

Vous ne bluffez pas pour forcer votre adversaire à se coucher. Vous bluffez pour que votre adversaire se couche s'il a un éventail de mains en particulier. Vous ne saurez jamais avec certitude quelle main votre adversaire a. Selon la manière dont la main est jouée, vous pourrez déterminer si votre adversaire a au moins une paire. Mais peut-être il vous surprendra et vous montrera les noix (ou une autre main très forte).

Évidemment, aucune mise ne fera se coucher votre adversaire. Ce n'est pas votre but. Si vous croyez que votre adversaire a probablement une paire et que vous voulez le faire se coucher lorsqu'il a une paire, misez suffisamment pour le faire se coucher avec une paire, et pas plus.

Donc, lorsque vient le temps de calculer votre bluff, décidez premièrement quelle main vous ciblez. La taille de votre bluff en dépend pour que le travail soit fait.

Voici un exemple d'un calcul de la taille d'un bluff fait de manière horrible selon notre règle de base.
Au Main Event des WSOP de 1979 Hal Fowler (un amateur) était en tête-à-tête contre Bobby Hoff (un expert) pour le titre. Pour cette main, chaque joueur avait environ 200K jetons.

Il y a eu une relance et un appel avant le flop. Le pot était d'environ 20K à cette étape. Le flop tomba:

Ah-Ks-Qc.

L'action suivante était check-check. Le tournant était un Tc. À nouveau, l'action était check-check. La rivière amena un 7s.

Fowler alla maintenant all in (190K dans un pot de 20K). Hoff se coucha est Fowler montra fièrement un bluff.

Même si le jeu a fonctionné (et que Fowler a gagné), la mise de Fowler était atroce. N'importe quel valet complétait les noix et si Hoff l'avait, il ne se serait pas couché, peu importe la taille de la mise. Et si Hoff n'avait pas ce valet, il se serait couché contre n'importe quelle mise raisonnable.

Fowler a risqué 190K alors qu'il aurait pu risquer 15K ou 20K et gagné le pot. Fowler s'est sauvé avec le pot parce que Hoff n'avait pas le valet et cette main est tombé dans l'obscurité.

D'un autre côté, si Hoff avait eu le valet, cette main aurait été racontée comme une des plus grosses gaffes des WSOP. Ne répétez pas cette erreur.

Un peu plus sur le travail qui doit être fait

Peut-être est-ce évident, mais ça vaut tout de même la peine de le mentionner. Le montant nécessaire pour que le travail soit fait n'est pas toujours facile à déterminer.

Vous ne pouvez pas réfléchir de cette manière:

« Et bien, 20$ devrait lui faire coucher une paire de 2. 25$ devrait lui faire coucher une paire de 3. 50$ devrait lui faire coucher une paire de 6 et 100$ devrait lui faire coucher les rois. 200$ devrait lui faire coucher 2 paires et 500$ devrait lui faire coucher une straight ».

Les choses ne fonctionnent pas de cette manière du tout. Trouver le montant juste à miser est un problème psychologique plus que n'importe quoi d'autre. « Si je mise X$, sur quoi il me mettra, comment verra-t-il ce pot et son implication au pot. Verra-t-il sa paire de dames comment étant une main profitable ? » Vous devez entrer dans la tête de vos adversaires et voir vos mises de cette perspective.

Évidemment, parfois, une mise plus petite pourra faire le travail. Quand ça ne sera pas le cas (ou si vous suspectez que ce ne sera pas le cas), un petit bluff sera certainement mieux qu'un gros bluff – moins de risques et plus de chances de succès.

Il n'existe pas de formule pour vous dire quoi miser pour que le travail soit fait. Vous devez analyser chaque situation de manière séparée.
 

Une exception à la règle de base

Vous pourriez vouloir miser plus qu'il ne faut pour que le travail soit fait si vous prévoyez faire un bluff sur la prochaine période de mises. Si vous prévoyez bluffer le tournant et enfin la rivière, vous ne voudrez pas bluffer du minimum nécessaire. Un bluff planifié nécessite une mise extra pour le plan d'origine parce que vous pourrez gagner un plus gros pot dans la période de mise suivante.

Par exemple, supposons que vous miser 500$ pour bluffer dans un pot de 1000$. Votre adversaire appelle. Le pot est à présent de 2000$. Vous bluffez à nouveau et cette fois-ci votre adversaire se couche. Vous avez gagné 1500$ (le 1000$ qui était à l'origine dans le pot plus l'appel de 500$ de votre adversaire).

Si vous aviez misé 800$ au lieu de 500$ sur la première période de mise, votre bluff à la seconde période vous aurait valu 1800$ au lieu de 1500$. Quelques fois, cette mise en extra va influencer la taille de votre bluff. Voyez le chapitre suivant « Bluffer le tournant et la rivière » pour plus de détails.

Lorsqu'une plus grosse mise fera coucher plus de mains

Vous ne serez généralement pas capable de lire la main de vos adversaires de manière assez précise pour savoir quelles cartes ils ont exactement. Vous aurez toujours une idée générale: « Je pense qu'il a quelque chose comme une paire de dames, mais il peut aussi avoir slowplayé un set ou avoir un tirage à la straight. »

La différente force des mains nécessitera des bluffs de taille différente pour que le travail soit fait. Si votre adversaire un raté son tirage à la flush, peut-être que n'importe quelle mise fera l'affaire pour l'inciter à se coucher. Si votre adversaire a une paire, peut-être appellera-t-il le quart du pot, mais se couchera sur une mise des deux tiers du pot. Et peut-être il ne couchera jamais un set, peu importe la mise que vous ferez.

Trouver la mise exacte pour un bluff est important pour maximiser votre investissement. Par exemple, supposons que vous ayez à choisir entre 2 tailles de bluff: ¼ de la taille du pot et  2/3. (Disons que le pot contient 300$ et que les mises candidates sont de 75$ et 200$.)

Vous croyez que votre adversaire peut avoir 1 des trois mains suivantes: un tirage à la flush manqué, une paire ou un set. Vous pensez qu'il peut avoir un tirage à la flush manqué 30% du temps, une paire 60% du temps et un set 10% du temps.

Une mise de 75$ le fera coucher son tirage à la flush raté environ 80% du temps (vous serez bluff-raisé à quelques occasions) et une paire 20% du temps.

Une mise de 200$ le fera coucher son tirage à la flush raté 90% du temps et une paire 70% du temps. Le set ne se couchera jamais.

La valeur attendue de cette mise de 75$ est à présent de 60$.

60$ =     (0,30) [(0,80)(300$)+(0,20)(- 75$)]+
(0,60) [(0,20)(300$)+(0,80)(- 75$)]+
(0,10)(- 75$)

La valeur attendue d'une mise de 200$ est de 145$.

145$ =    (0,30) [(0,90)(300$)+(0,10)(- 200$)]+
(0,60) [(0,70)(300$)+(0,30)(- 200$)]+
(0,10)(- 200$)

Dans cet exemple, 200$ est la meilleure taille de bluff. Vous serez mieux de tenter de faire coucher le tirage à la flush raté et la paire que seulement le tirage à la flush raté.

À la table évidemment, vous ne pourrez pas résoudre des équations comme celles-ci (en sachant les pourcentages précis pour chaque mise). Ne faites que penser aux mains que votre adversaire est susceptible de détenir et quelles mains parmi celles-ci il pourra coucher avec quelle mise. Chosissez la mise qui vous donnera le plus de profits pour le moins de risques.