Le jeu préflop

Par Tri Nguyen
 
 
Traduction libre par PokerCollectif. Article publié avec l'autorisation de l'auteur.
 
 
 
Les parties deviennent de plus en plus agressives depuis que les joueurs ont ouvert leur range pré-flop au 1/3 des mains possibles pré-flop et ont augmenté leur facteur d’agression à l’infini. Même si ce type de joueur fou et incroyablement loose a de grosses failles dans son jeu, il est capable de gagner beaucoup parce que la compétition ne sait pas comment contrer ce style agressif. Si seulement leurs compétiteurs voulaient ouvrir Poker Tracker ou Hold’em Manager pour voir les stats de Villain selon sa position! À partir de là, Hero aurait une idée du range de ces LAG lorsqu’ils re-raisent (ou call) des 3-bet.
 
 
Certains joueurs 3-bet en ou hors-position avec différents types de mains. Un joueur peut 3-better des blinds avec le bas de son range, comme {22-55, 65, 8T} et le top de son range, comme {JJ+, AQ+} en choisissant de caller avec des mains du type {JT, KQ, AJ, AT, 66-TT}. Un autre joueur pourra décider de caller avec les 2/3 du bas de son range et de re-raiser avec le meilleur 1/3 de son range. Comme vous pouvez le voir, même s’ils auront le même nombre de relances préflop (ou de re-raise), leur range de mains pourra différer.
 
 
 
Contre un joueur qui 3-bet le bas et le top de son range pour caller avec le milieu de son range, il sera très profitable de le 4-better, spécialement s’il ne 5-bet jamais. Contre un joueur qui 3-bet avec le top 1/3 de son range et qui sera plus porté à pousser all in préflop, vous devriez être moins enclin à le 4-better.
 
 
La majeure partie des joueurs auront beaucoup de difficulté à jouer des mains du type {99, TT, KQ, KJ, AJ} des blinds contre un CO ou un bouton qui ouvre. C’est parce qu’ils essaient de solutionner la main préflop. Même s’ils savent que les joueurs en position tardive ont plus tendance à voler, ils ont peur de 3-better avec les mains pré-mentionnées parce qu’ils ne veulent pas voir de 4-bet et devoir folder. C’est un cas de mémoire sélective à son meilleur. Vous ne serez pas 4-betté si souvent. Le CO et le bouton folderont beaucoup. Commencez à 3-better plus agressivement – vous serez un meilleur joueur pour ça.
 
 
 
Si vous êtes souvent 4-betté par un joueur en particulier, commencez à pousser all in avec {99+, AK}.
 
 
 
Un facteur important à considérer lorsque l’on se demande s’il est mieux de caller ou de re-raiser préflop est de considérer le type d’adversaire qui ouvre le pot. Si c’est le type de joueur qui aime folder, je vais le re-raiser chaque fois que j’en ai une chance.
 
Vous n’avez pas besoin de vous demander avec quel type de mains vous devriez re-raiser si votre adversaire continue à folder contre vos 3-bet ou s’il call souvent vos 3-bet, mais check-fold souvent contre vos c-bets. Évidemment, je tente d’être raisonnable avec mon range de re-raise; je veux au moins des cartes assorties! Si vous venez juste de rejoindre la table et ne savez pas de quel type d’adversaire il s’agit, prenez les devants et re-raisez le. Ensuite vous le saurez.
 
 
 
Contre des adversaires qui callent souvent, mon range de re-raise sera essentiellement composé des cartes broadway (les figures). Ces mains ont une grande équité contre le range de mains d’une calling station et sont faciles à jouer après le flop lorsque vous frappez une paire ou une draw, comme une gutshot et des overcards. Je ferai aussi beaucoup de 2e barrel. La principale raison pour laquelle ces calling stations ont du succès, c’est que les autres joueurs ne s’ajustent pas adéquatement pour les affronter.
 
Après avoir re-raiser préflop, la plupart des joueurs font un inévitable continuation bet au flop, pour ensuite faire un check-fold au turn s’ils n’ont pas une bonne main. Cette séquence se répète plusieurs fois et la plupart des joueurs échouent à savoir si la bonne stratégie à adopter est de (semi) bluffer plus souvent au turn ou de checker la prochaine fois qu’ils auront une main forte. Le slow play est définitivement un art oublié, parce que les joueurs apprennent à jouer solidement au poker sur des sites d’entrainement où le mot d’ordre est "bet bet bet". Pourquoi miser si votre adversaire mise sur la plupart de vos check? Si vous croyez qu’il ne misera pas, rappelez-vous toutes les fois où vous avez check-foldées vos overcard manquées et vos underpairs.
 
 
À l’inverse, qu'est-ce qui se passe lorsqu’un adversaire me re-raise constamment à l’extérieur des blinds ou lorsqu’il est en position?
 
 
 
La réponse facile est de folder sur ses re-raises. Un vieux grinder m’a déjà dit : « Au poker, tight is right. »  En entendant cette phrase la première fois, je l’ai trouvé risible. À mesure que les parties sont devenues plus agressives, j’ai réalisé toute la sagesse que cette phrase contenait. C’est spécialement vrai contre les joueurs stupides de style loose-agressif qui vous 3-bet à chaque fois qu’ils en ont la chance. Vous continuez de folder et finalement lorsque vous le jouerez à nouveau, il aura une main comme AQ ou 99 et se dira quelque chose du genre : « Bon, je suis un joueur loose-aggressif et j’ai dominé la table. Il est un bon joueur et a surement noté cela. Il doit en avoir marre. Ma main est en avance sur son range de re-stealing. Je vais pousser all in et s’il a KK+ ou AK, c’est un cooler, surtout avec mon image de maniaque. » Ce genre de joueur, étonnamment, pousse et évidemment je lui montre une meilleure main.
 
 
Pour être franc, sa réflexion n’est pas mauvaise. Quelquefois, d’après la dynamique de la table ou l’historique du joueur, c’est correct d’aller all in light preflop, parce que vous ne voulez pas que vos adversaires vous écrasent. La situation que j’ai mentionnée est différente. J’avais foldé toutes mes mains parce que je savais que lorsque je ferais un re-raise, il se battrait lui-même. Ce genre de joueurs pullule sur les tables de low à mid-stakes.
 
 
 
Une 2e option est de jouer un range de mains plus tight pré-flop. C’est difficile pour un adversaire de vous outplayer si vous misez 25% de votre stack pré-flop avec JJ+ ou AK.
 
 
La 3e option est celle du 4-bet. La question est de savoir à quelle fréquence et quel range de mains est bon pour un 4-bet? Il y a deux approches pour cette situation :
 
 
 
Vous commencez à 4-better quand les stacks augmentent à 150BB ou plus parce que vous obtiendrez plus de fold equity. C’est assez étrange de caller hors-position avec un peu plus de 100BB lorsque le pot est déjà de 65BB. Les gens vont rarement, si ce n’est jamais, 5-better en bluff 120BB dans un pot de 65BB. Même si Villain call, vous avez la position sur lui et pourrez dicter la taille des mises et l’action sur les différents boards. Vous obtiendrez évidemment moins de fold lorsque vous 4-betterez hors-position, même s’il demeure profitable de le faire.
 
 
 
Un autre important facteur à considérer est que le range de Villain pour stacker off deviendra très polarisé à mesure que la taille des stacks augmentera (150BB+). S’il ne callera qu’avec AA/KK et qu’il va 3-better avec JJ+ (ou un gros broadway ou un bluff), il fera face à une situation difficile lorsque nous le 4-betterons. Une main avec laquelle nous devrions 4-better plus en bluff est KQ. La plupart du temps, lorsque nous sommes 3-betté et que nous avons KQ, nous foldons souvent parce crainte d’être dominé ou nous callons parce que cette main est très forte contre un adversaire spécifique, mais n’est pas assez forte pour 4-better ou pour pousser all in préflop.
 
 
 
Ce que nous devrions considérer est de tourner KQ en « bluff » en commençant à la 4-better plus. Avec ces cartes non disponibles, il n’y a que 24 combinaisons au lieu de 34 de AA-QQ/AK. Avec 30% moins de mains avec lesquelles Villain peut stacker off, il est facile de voir pourquoi KQ est une main puissante pour les 4-bet bluff.
 
 
 
-OU-
 
 
 
Vous pouvez arrêter de les 4-better en bluff et seulement 4-better avec les premiums hands comme TT+, AK. Ne callez jamais leur re-raise avec AA ou KK, même en position, mais 4-bettez plutôt ces mains aussi. Lorsque vous faites ceci, votre adversaire jouera un peu différemment de son style normal parce qu’il se dira que vous ne pouvez pas avoir autant de premiums hand avec lesquelles 4-better. Il a à tort incorporé des bluffs dans votre range de 4-bet. Avec le temps, les réguliers vont hésiter à vous 3-better parce que vous ne callez jamais et avez l’air de toujours les 4-better. Ce qui aura pour résultat de les faire caller vos voles en position tardive avec des mains comme KJ+, AT+, des suited connectors et des mains aléatoires des blinds. Ceci les rendra plus faciles à affronter parce que vous aurez l’initiative et que vous jouerez en position avec beaucoup d’argent derrière.
 
 
 
Un jeu que j’aime utiliser est de 4-better la première ou la deuxième fois qu’un joueur serré re-raise mon raise en position tardive. S’il arrive qu’il ait une main et pousse all in, je lui montre que je ne vais pas rester assis à me faire abuser. Si je m’en tire avec mon 4-bet bluff, je vais le 4-better bluff la prochaine fois qu’il me re-raisera lorsque j’aurai ouvert en position tardive. La raison à ceci; il sera plus porté à vous donner du crédit la seconde fois étant donné que vous venez juste de le 4-better la fois précédente. C’est le plus loin que je peux aller dans les niveaux de pensée. Si je suis dans une disposition d’esprit passive et ai déjà permis à Villain de me chasser de la main avec des 3-bet quelques fois, je vais me tenir tranquille et attendre la nuts parce que Villain anticipe de nous un 4-bet et sera porté à pousser all in avec des mains comme AQ ou 99.
 
 
 
La taille de notre 4-bet devrait être environ le double de la quantité d’argent que Villain met. Par exemple, si Villain 3-bet à 100$, nous devrions y aller d’une mise à 234$ (ou une mise similaire) étant donné que c’est le montant que nous miserons si nous avons QQ+/AK. Si nous avons une main comme 88/99, nous devrions 4-better un petit peu plus pour montrer que nous sommes commis au pot et que nous devrons caller. Même si nous sommes prêts à aller all in préflop, nous voulons décourager Villain de nous rebluffer avec des mains comme JT/KJ qui auront une bonne équité contre notre main. Cependant, cela ne nous dérange pas qu’il fold en nous laissant la dead money dans le pot.
 
 
 
La quatrième option est de caller et de check-raiser au flop lorsque vous flopperez une overcard avec une gutshot, une open-ended straight draw, une flush draw ou des overcards avec une backdoor flush draw. Nous jouerons évidemment pour notre stack si nous floppons une paire. C’est l’action la plus intéressante pour moi parce que je n’aime pas être hors-position.
 
 
 
La cinquième option est de caller en position et de caller en position. Avant de caller, il est important de porter attention à la taille des stacks. Si les stacks sont de moins de 120BB, il sera plus profitable de folder préflop avec des suited connectors comme 78, 9T et 79 parce que ces mains perdent de la valeur quand le ratio pot/stack est petit. Même si votre adversaire vous re-raise light et que vous avez position, ce sera difficile de faire quoi que ce soit avec ces mains lorsque vous n’aurez pas suffisamment de chips pour les jouer et votre adversaire va envoyer un 2e barrel avec une fréquence de moyenne à haute. Contre ces joueurs agressifs, je call avec toutes mes premiums hands. Ma ligne par défaut est « call call call » parce que je sais que ça sera « bet bet bet. » Si ce n’est pas un type agressif, je vais floater le flop avec l’intention de prendre le pot.
 
 
Dernier concept lorsque vous jouez préflop est de prendre en considération la position avec laquelle vous ouvrez et à quelle position votre adversaire est lorsqu’il vous re-raise. Si un joueur ouvre UTG et que vous callez en MP ou sur le CO, il est peu probable que les blinds tentent un squeeze sans avoir une main solide considérant que votre range de mains à tous les deux doit être assez fort. Si quelqu’un ouvre sur le CO et que vous flat-callez du bouton, il sera plus apte à sqeezer étant donné que le range du CO est très grand et que vos mains seront faibles la majorité du temps. C’est une situation où il sera facile de piéger un habituel 3-betteur des blinds.
 
 
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