Quelques notes de psychologie au poker - Deuxième partie

Si vous venez de 3 barreller un joueur qui a callé sur les 3 streets avec une main moyenne, serez-vous plus ou moins enclin à répéter ce jeu avec "air" dans un futur rapproché?


Il y a deux façons de voir la chose. Si le joueur est mauvais ou s’il a appris à jouer à la télé, il se dira que vous êtes bluffeur et que vous êtes encore en train de le bluffer.

 

 


Si le joueur est bon et intelligent, il pourra se dire que vous venez juste de le bluffer et qu’il est très peu probable que vous soyez encore en train de le bluffer. Donc, selon le type d’adversaire, vous pourrez savoir si c’est un bon moment pour le bluffer à nouveau ou non.


Si vous 3-bettez sans cesse un joueur en position, il pourra se dire : « Ok, cette fois c’est assez, je prends une chance » et il callera hors position avec une main comme KTo. » Des fois je joue contre des joueurs et je fais toujours le même jeu. Je sais que c’est des joueurs qui ouvrent très light mais qui playback très peu et je vais les 3-better encore et encore puisqu'ils ne réagissent pas, ne s'adaptent pas ou s'adaptent mal.

Souvent, quand vous jouez en 6-max, vous jouez contre des joueurs qui jouent sur des tonnes de tables et qui jouent en robots et qui n’utilisent pas le côté psychologique. Souvent ils vont prendre la même ligne avec la même main. Par exemple, ils ont une main comme AJ sur un board avec un A et ils vont check-call, check-call, check-call et refaire le même jeu avec la même main sur le même board plus tard sans trop se soucier de rien. Et c’est une bonne chose, parce que vous savez que dans cette situation, votre adversaire a quelque chose et vous ne tenterez pas de le bluffer.

De plus, si vous voyez un de ces joueurs sur l’autopilote qui tente de vous bluffer une fois et que ça ne fonctionne pas, lorsque plus loin vous le verrez faire un overbet-shove, vous saurez qu’il n’est pas en train de bluffer. Ils ont toujours quelque chose quand ils font ça parce qu’ils croient qu’ils ont construit avec succès une image de bluffer. C’est quelque chose d’important en psychologie, de se créer une image de bluffeur et d’attendre la nuts. C’est de cette façon que vous réussirez à laver tous vos amis dans les parties maisons.

Le fait de 4-better est aussi quelque chose d’important. Il y a de cela quelques mois, j’ai joué heads-up contre un bon joueur de heads-up et c’était une de mes premières sessions contre lui et j’avais déjà quelques lectures sur lui. Je savais qu’il 3-bettait beaucoup, qu’il ne flat-callait jamais sur le big blind et même s’il me semblait un peu tight, il 3-bettait une tonne de mains sur le big blind. C’est alors que je me suis dit que j’allais commencer à le 4-better pour réaliser qu’il était du genre à 3-better et jammer all in des mains comme 22, KT et des merdes du genre après mes 4-bets.

Je le 4-bettais light comme un clown. Je relançais, il 3-bettait, je 4-bettais et il poussait all in. Et quatre fois de suite je me suis couché en me disant : « cette fois il a quelque chose, je ne peux pas croire. »

Ce que j'aurais pu faire c’est de relancer à 3 ou 4 fois le BB pour pousser all in contre ses 3-bet avec des mains comme A5 parce que je sais que son range de 3-bet est d'environ 25% et que je serai en avance sur son range.

Ou relancer à 4 ou 5 fois BB, laisser 3-better son adversaire, caller le 3-bet et ensuite jammer all in sur presque tous les flops.

Une autre chose de laquelle j’aimerais parler est du heads-up (HU). Si je joue HU contre 1 joueur sur 4 tables et que sur une table j’ai AA, je vais instantanément 3-better sur toutes les tables pour lui montrer que je 3-bet light. Et j’espère toujours quand je fais ce jeu que mon adversaire tentera de me playback sur la table où j’ai les as.

Oui, c’est un jeu qui peut être bon, mais lorsque vous serez contre des bons adversaires, il sera important de balancer votre jeu parce qu’il ne tentera pas nécessairement de vous playback sur les 3 tables et il est possible que cela ne l’influence pas du tout. Je dois vous dire que souvent je réfléchie trop loin et que ça me coûte souvent de l’argent. Je fais ça sur toutes les tables et mon adversaire se couchent sur toutes les tables et ensuite je refais ce jeu un peu plus tard avec rien et mon adversaire me 4-bet sur toutes les tables.

Si on prend un joueur semi-intelligent qui grind les mid-stakes et que vous êtes en train de le 3-better sur 3 ou 4 quatre table de heads-up par exemple, il va au moins vous donner du crédit sur 1 ou 2 tables.

Ce qui important à savoir sont les conditions dans lesquelles vous 3-bettez. Vous devez être conscient de votre position, de la taille des stacks, du flow de la game, etc. C’est important pour la psychologie du jeu. C’est quelque chose de difficile à expliquer, mais si un joueur fait ce dont nous parlons, vous devez être capable de bien analyser la situation pour être capable de faire les bonnes lectures.

C’est quelque chose d’important à considérer puisque certaines personnes multi-tables entre 10 et 12 tables et qu’il ne faut pas jouer en robot comme eux. La psychologie de la game est quelque chose d’important, mais sachez que lorsque vous jouez contre des joueurs qui jouent 12 tables, probablement que vous jouez contre des joueurs qui ne dévieront jamais de leurs standards. Il est donc très important de déterminer contre qui vous développez une psychologie de metagame et contre qui la metagame sera inexistante.

J’ai certaines habitudes et tendances contre certains joueurs. Par exemple, contre certains joueurs je vais trash-talker beaucoup dans le chat. Je sais que tel ou tel joueur n’a jamais rien lorsqu’il joue une main et je sais qu’il sait que je n’ai jamais rien lorsque je joue une main et par conséquent, je sais que nous ne prendrons jamais de ligne ennuyante l’un contre l’autre lorsque nous jouerons nos mains. Je sais que nous sommes toujours en train de penser à 3 ou 4 niveaux lorsque l’on joue l’un contre l’autre.

Je joue régulièrement contre un gars qui est souvent en train de jouer sur 21 autres tables autre que la mienne et si vous tentez de créer un historique de metagame contre lui, vous êtes dans l’erreur. Tout ce que ce joueur voit, c’est ses cartes, la taille de son stack, votre nom et votre stack. Il ne voit pas autre chose. C’est comme un joueur aveugle en quelque sorte. Peut-être est-il en train de lire les forums de 2+2 sur un autre moniteur, peut-être est-il en train de jouer sur une autre table de PLO.

Il y a quelque chose d’important qui s’appelle les reads. Lorsque je parle de read, c’est un terme général qui a rapport avec la metagame, l’image et qui a rapport avec 1000 autres choses. Si je prends un joueur comme Daniel Negreanu, il est de ceux qui pensent que la taille des mises et les patterns de mise sont ce qu’il y a de plus important et que ça constitue ce qu’il y a de plus important pour faire des reads. La taille des mises est quelque chose que je considère très intéressant. Je vais tenter de faire quelques généralisations sur la taille des mises que vous devriez utiliser pour faire des lectures de vos adversaires.

Premièrement, un énoncé évident et mathématique. Les plus petites mises seront plus souvent appelées que les grosses mises. Mathématiquement parlant, si vous misez petit, votre adversaire aura de meilleures cotes pour courir ses cartes et s’il a une deuxième paire par exemple, il sera plus tenté d’appeler la mise. Si la mise est petite, il n’aura besoin que de faire un bon call 1 fois sur 3 au lieu de 1 fois sur 2 par exemple. Lorsque vous êtes dans des niveaux plus haut, les joueurs sont meilleurs et les bons joueurs savent ça et alors la dynamique change.

Je vais vous donner un exemple intéressant. J’ai une nouvelle approche contre les overbets. De manière générale, je vois les overbets comme étant forts. Vous jouez contre un mauvais joueur. Le flop est 4-4-2. Vous misez, il call. Le tournant est check-check. Vous checkez la rivière et il pousse all in pour 5 fois la taille du pot. C’est une manière pour le mauvais joueur de vous dire qu’il a un carré au cas où vous ne le sauriez pas déjà. Je n’ai pas réussi à bâtir le pot tout au long de la main, le pot est trop petit sur la rivière, j’ai un carré, je veux me faire payer, je ne sais pas comment, c’est du Hold’em sans limites, je pousse all in même si c’est un overbet.

Voici donc la pensée d’un mauvais joueur.

Lorsque vous arrivez dans les high stakes, les gens savent que les overbets sont souvent interprétés comme un grand signe de force et j’aimerais vous parler d’une main que j’ai jouée. C’était une main contre Gman06 sur Twoplustwo je crois et la main est vraiment intéressante. J’ai flopé une top paire moyenne. Je crois que j’avais une main comme J9s. Le flop était quelque chose comme 942 avec un flush draw. Le flush draw est important ici. C’était une partie de heads-up et j’étais hors position. J’ai check-callé le flop. C’était une ligne très standard et je crois que nous étions deep. Ce qui est important est la catégorisation de ma main et non ma main en particulier. J’avais donc une paire moyenne hors position. J’avais aussi un backdoor flush draw. Le tournant était disons un 7. J’ai check-callé à nouveau. La rivière donna un To.

Mon adversaire misa quelque chose comme 575 sur la rivière dans un pot de quelque chose comme 340 ou disons une fois et demie la taille du pot. Après cette mise je me suis mis à penser à plusieurs choses. Je me suis demandé pourquoi il n’avait pas construit un pot avant la rivière s’il avait quelque chose comme un set et pourquoi il n’avait pas misé avant. Je me suis dit que jamais il ne pouvait avoir une main légitime et ici il misait simplement parce qu’il pensait que je n’avais rien et que je ne pouvais pas caller. Il savait aussi que je savais qu’un overbet est souvent un signe de force et que je n’avais pas une grosse main et que je me coucherais sûrement.

Le résultat n’est pas important. Ce qui est important ici c’est que mon adversaire s’est dit que dans ce spot, je ne pouvais jamais avoir de main et que je ne pourrais jamais caller la mise. Ce qu’il faut savoir c’est que, s’il voulait me faire folder un flush draw, il n’avait pas besoin de miser autant. Par contre, il est un bon joueur et il sait que tu sais qu’il sait ça. Ce qu’il tente de faire ici est de montrer qu’il n’essaie pas seulement de me chasser du flush draw, mais qu’il tente d’obtenir de la value d’une main. À un autre niveau de pensée, il aurait peut-être misé le tiers du pot ou la moitié pour me laisser croire qu’il faisait un petit value bet. C’est différent niveaux de pensée parce qu’il ne pourra jamais être sûr que je suis sur le même niveau que lui et que je sais à quel niveau il se trouve.

Oui c’est vrai et tant que nous n’aurons pas vu les mains, nous ne pourrons pas savoir à quel niveau de pensée notre adversaire est. Une des situations que j’aime beaucoup pour overbetter est lorsqu’il y a quelques draws et que qu’aucun draw ne se complète sur la rivière. Mon adversaire peut s'imaginer que je n’ai pas touché mon draw non plus sur la rivière. Supposons par contre que j’aie top pair. Étant donné que mon adversaire sait que je n’ai pas frappé mon tirage et que j’ai top paire, je vais faire un gros overbet. Pas nécessairement un overbet-all in, mais un overbet.

Discutez de cet article sur les forums de PokerCollectif: Quelques notes de psychologie au poker - Deuxième partie