Le pire jeu jamais vu 1ière partie

Tommy Angelo
Par Tommy Angelo
Il y a de cela treize ans, ma carrière de musicien était devenue trop peu profitable. J'avais besoin de pouvoir compter sur un revenu. J'ai donc quitté le groupe pour devenir un joueur de poker professionnel. Je jouais aux petites limites sans rake, dans les maisons, les appartements, les églises, après les bingos ou à tout autre endroit où était l'action
Pour mon anniversaire l'an passé, ma copine m'a inscrit à un cours d'écriture de fiction à Stanford. Peut-être je pourrais devenir riche en écrivant un roman sur l'art de finir fauché m'a-t-elle demandé.
 
J'ai été à chacune des sessions de trois heures. J'ai fait tous mes devoirs et j'ai été attentif en classe. Le professeur nous disait: Ne laissez pas les faits vous éloigner d'une bonne histoire. Ça m'a marqué en tant qu'auteur et a changé à jamais ma façon de percevoir la réalité.
 
Mais l'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui est vraie. Elle le doit, sinon il n'y aurait aucun but de vous la raconter. Je suis comme un astronaute qui reviendrait de la lune pour raconter ses impressions sur terre. Je suis comme un homme qui pendant cinq ans a vécu seul et qui a oublié les forêts et qui serait venu nous faire le récit de ses aventures.  Je suis un joueur de poker qui a longtemps hésité avant de coucher ses as avant le flop au $20-40 limit Hold'em et qui finalement l'a fait.  Voici mon histoire.
 
Il y a de cela treize ans, ma carrière de musicien était devenue trop peu profitable. J'avais besoin de pouvoir compter sur un revenu. J'ai donc quitté le groupe pour devenir un joueur de poker professionnel. Je jouais aux petites limites sans rake, dans les maisons, les appartements, les églises, après les bingos ou à tout autre endroit où était l'action. Les parties étaient très très lousses. J'ai lu un livre qui disait de se coucher souvent. C'est donc ce que j'ai décidé de faire et j'étais capable de vivre à l'aise. Ma définition de vivre à l'aise était alors: ne jamais m'empêcher d'aller à un concert en raison du prix du billet. En tant que joueur de poker, j'étais gagnant ou solvable si je puis dire autrement.
 
J'étudiais les meilleurs joueurs, les joueurs qui avaient le respect de tous et qui avaient de l'argent. Un d'eux ne montrait jamais ses cartes ou ne mentionnait jamais son opinion sur une telle main. Il ne tiltait jamais lorsqu'il perdait beaucoup ou lorsqu'il était malchanceux, il n'était irrité par rien du tout. Il était immunisé. Et je me disais que je pouvais faire ça, que j'allais m'y entrainer après avoir passé les autres années de ma vie à divulguer de l'information et à être trop émotif. J'allais m'apprendre à garder mes secrets.
 
Et ensuite m'est venue une idée qui me faisait presque la sensation d'une piqûre. Coucher les as avant le flop. Juste pour le faire. Pour voir si je pouvais. Pour voir comment je me sentirais. Mais une voix intérieure me demandait : « Mais pourquoi? » Pourquoi s'auto-infliger une chose si destructrice?
 
Parce que c'était là, comme une montagne à gravir.
 
Mais certains grimpeurs perdent des doigts lors de leur ascension. Certains autres ont des dommages permanents au cerveau dû au manque d'oxygène. Certains meurent. Le simple fait que la montagne soit là est une raison stupide pour justifier un geste stupide.
 
Vous avez raison. Mais au lieu de me lancer des insultes, pourriez-vous être assez gentil pour me pointer la montagne?
 
Okay.  Mais êtes-vous vraiment certain de vouloir grimper cette montagne aujourd'hui?
 
Oui, bien sûr.   
 
Si on avance de 10 ans, en 2003, je jouais une session de Hold'em pendant laquelle j'ai perdu un pot avec une paire d'as en main. Sans raison, j'ai fait un calcul rapide de combien de fois c'était arrivé avant. J'ai multiplié les années par le nombre d'heures jouées. J'ai joué des millions de mains dans les parties de poker maison. Ce qui veut dire que j'ai eu les as 4000 fois.  Si je perds 1 main sur 4, c'est donc dire que j'ai perdu 1000 fois avec les as. J'ai perdu 1000 fois avec une paire d'as en main!